L’univers de la voyance est un domaine où la controverse est courante. Plutôt que de parler de l’aspect technique ou scientifique de la voyance, focalisons nous sur la corporation.
Si certains praticiens se définissent comme des êtres hors du commun (Faux), beaucoup sont doués de pouvoirs dits paranormaux (Vrai). De même qu’un grand nombre exploite l’intérêt de leurs congénères pour l’irrationnel, on ne peut pas parler de la voyance comme d’une tendance ou d’un effet de mode qui répondrait aux angoisses du siècle. Malgré la défiance dont elle fait l’objet, elle est toujours vivace.
Une grande partie des techniques utilisées de nos jours dans les arts divinatoires, proviennent de pratiques ancestrales. Elles perdurent parce que c’est un des mystère de l’esprit humain. Ce qui était marginal et discret autrefois, est devenu omniprésent et exploité dans le quotidien (horoscopes, magazines, encarts publicitaires, livres, sites internet). Pourtant, la voyance a mauvaise réputation.
L’envolée de l’irrationnel et du m’enfoutisme
A l’heure du smartphone et de la suprématie d’internet, qui se souvient de l’utilisation du minitel et des nombreux services de voyance ou d’astrologie qui fleurissaient dans les années 80 ?
On peut affirmer que le XXIe siècle a vu le retour en force des phénomènes de l’astrologie et de la voyance avec les techniques de communication (radio, minitel, télévision). Les « grands visionneurs » ont très vite compris le filon qui en découlait. En prenant le risque de ternir le côté fantasque et extraordinaire de la divination, des grossistes ont vu le jour ainsi que les sempiternels charlatans qui exploitent les personnes fragiles quelques soient les époques…
Pourtant rien de bien nouveau dans un tel constat. Il faut dire que les rois de l’arnaque sont persistants. Je pense bien entendu aux publicités mensongères et à tous ces aigrefins avec leurs escroqueries au désenvoûtement, au cancer, à la chance aux jeux, à l’impuissance sexuelle etc. Le maraboutage draîne son lot de débilités qui guérit tout du sol au plafond. A dire vrai, le bilan est bien terne parce qu’on les assimile à la voyance.
On ne compte plus les affaires en tout genre révélées dans certains forums ou par des associations comme l’INAD qui fait l’inventaire d’histoires accablantes et révoltantes. C’est tout juste alarmant du fait qu’Il subsiste en 2017, le grand vide de la législation.
C’est le premier vrai problème de la voyance moderne. Elle ne navigue pas sur un long fleuve tranquille et présente souvent le visage sombre de la cupidité.
Aussi, on est en droit de s’interroger sur l’aspect honorable d’un métier qui manque cruellement de garde-fous.
Une profession en mal de reconnaissance
Tout autant qu’à l’époque des roulotes et officines mystérieuses, la grande majorité des personnes qui consultent un voyant éprouvent une certaine honte pour la confidence. Toutefois, des études évaluent que 1 français sur 4 ou 5 (les chiffres varient) consulte de manière plus ou moins régulière. Cette statistique est saisissante et on comprend pourquoi cela puisse interpeller sous bien des aspects.
En France, la profession de divination ne s’exerce pas aussi sereinement que l’on pourrait croire. Uniquement tolérée et sans véritables statuts, elle semble livrée à elle même.
Un problème d’image : entre attirance et méfiance, le regard porté sur les voyants est majoritairement négatif. Le monde cartésien qui recherche la vérité par la raison, combat tout ce qui peut être mystique, irrationnel et confus.
Une éthique chaotique : ceux qui ont abusés de la crédulité du grand public, ont en quelque sorte marqués au fer rouge toute une communauté. Ainsi les voyants qui se respectent, doivent le plus souvent ne compter que sur eux-mêmes pour faire le ménage !
La lutte contre les pratiques douteuses : même si elle sont punies par la loi, l’escroquerie et la filouterie sont souvent difficiles à contrer. Néanmoins des associations ou des regroupements de praticiens mènent leur propre lutte. C’est le cas de Delta blanc en Belgique et de l’Inad sur le sol français. Leurs actions de sensibilisation ou de défense des valeurs sont estimables. Malgré cela ; comme par exemple pour l’Inad, le fait que certaines enseignes puissent acheter un label de loyauté ne garanti pas grand chose.
La poudre aux yeux
Cette histoire de label « reconnu par X » est une ineptie et s’avère plus que discutable. Beaucoup d’indépendants sont bien plus méritants tandis que pour d’autres l’envers du décor est peu reluisant. Ils agissent tout simplement dans l’ombre pour leur seul profit et sûrement pas le bien de la communauté. Il y a des pratiques sur le web par exemple qui se moquent de l’éthique. Et puis il y a ceux qui se targuent de passer dans un magazine TV pour faire bonne figure et parler de leur chiffre d’affaire annuel. Business oblige !
Contingenter la pratique de la voyance
A la manière de ce qui a été fait pour des professions libérales, les autorités compétentes pourraient simplement se pencher sur la réglementation de l’activité de voyance. Cet improbable chantier, aurait pour conséquence immédiate de donner un « vrai statut » à ceux qui exercent déjà et il conforterait tous ceux qui souhaitent s’y consacrer. On devrait ainsi diminuer le turnover qui sévit dans les gros cabinets.
Actuellement la profession n’a pas de collectif.
A part certaines praticiens très médiatisés et les mastodontes de la voyance par téléphone, beaucoup d’indépendants vivent dans l’isolement et sont obligés de frapper aux portes de ces plateformes commerciales pour espérer se lancer et vivoter de leur passion. En contrepartie, faire de la voyance uniquement pour arrondir les fins de mois suscite beaucoup de vocations mais reste éphémère car au fil du temps cela ne mène pas à grand chose.
On ne fait pas carrière dans la voyance discount.
Si je ne parle pas ici de « métier », c’est qu’il est impensable de voir s’instaurer un cursus de formation qui aboutirait à un diplôme. Ceux qui critiquent la voyance n’ont pas toujours tort. Du reste, cette absence de règles strictes (je ne parle pas du code déontologique) est un handicap majeur. Ne soyons pas naïf, cela ne faciliterait pas la tâche des grossistes de la voyance où les « collaborateurs » tournent très fréquemment.
Peut être que la création d’une chambre des métiers de la divination parviendrait à assainir le domaine et à faire le tri. Certes c’est utopique, mais en tout cas cela en découragerait plus d’un !
L’univers impitoyable de la voyance vu de l’intérieur
A part prospecter dans sa ville voire son département, le voyant qui s’installe se trouve rapidement face à un mur. Si il veut exercer librement et décemment, je ne vois pas d’autres pistes que les 4 suivantes :
> Créer une bannière ou un site internet : Google est assez sévère 🙁
> S’affilier à une plateforme dédiée : il faut être patient et prudent.
> Participer à des évènements comme les salons : Ils sont trop éparpillés.
> Investir dans la COM (radio, télé, journaux) : le coût est exhorbitant !
Autant dire mission complexe pour les 80 000 à 100 000 professionnels de l’avenir (en 2015) et impossible pour ceux qui peinent à s’afficher en plein jour…
Un indépendant aurait donc du mal à se hisser au niveau des grosses pointures ?
Assurément, car la quasi totalité des plateformes affiliées voyance ne sont pas animées par un médium. Certaines sociétés forment les voyants à la performance et ce sont des managers qui gèrent la liste parfois très longue d’équipes constituées qui se relayent jour et nuit. A titre d’exemple, un numéro de téléphone court à 4 chiffres coûte la bagatelle de 40 000 euros de redevance annuelle. Les diverses publicités (parutions hebdomadaires) en nécessitent tout autant voire plus !
A ce niveau, la voyance n’est plus un art mais un business.
Un vrai parcours du combattant
Mieux vaut avoir un réseau téléphonique tentaculaire ou copiner avec les médias pour développer une activité à grande échelle. C’est le cas de l’audiotel qui brasse et met à rude épreuve des centaines de praticiens. Ils enquillent leurs heures pour vivre de leur passion. Pourtant tous veulent se faire connaître et décrocher le Saint Graal de la profession : faire du privé.
Je comprend parfaitement le point de vue des détracteurs de ce service de voyance. Enfin ceux qui l’ont pratiqués et qui l’ont abandonnés pour des raisons personnelles. Le problème ce n’est pas l’audiotel, c’est son usage à grande échelle. A la longue, Il est peu valorisant et n’offre guère de débouchés pour les aspirants trop pressés.
On comprend mieux pourquoi certains voyants aguerris ne restent pas dans les sociétés commerciales. En se mettant à leur compte, ils brisent le carcan et ne risque plus d’être exploités.
Les opportunistes de la voyance
Toute corporation a ses brebis galeuses. Je veux cibler en particulier celles et ceux qui gravitent le plus souvent sur votre propre réseau et qui épient votre site afin de s’approprier vos idées, vos tournures de phrases, un design, une image, l’adresse de votre webmaster (pas de chance c’est moi) ou de l’agence qui s’occupe de vous référencer…
Ces personnes « toxiques », sont incapables de rester elles-mêmes car tout simplement le comportement moral leur est étranger. Copier-coller est une obligation pour ces opportunistes qui se torturent les méninges à force de sonder la concurrence. Leur sport préféré, c’est de tenter d’attirer dans leurs filets la clientèle des confrères. Démarchages téléphoniques, espionnage de Facebook (et j’en passe), nous côtoyons là les « mauvais coucheurs ». Au final, prenons-les pour ce qu’ils sont : des gens irrespectueux, des parasites éphémères qu’il faut plaindre !
Quelle voie emprunter pour relever le défi ?
Il n’y a malheureusement aucun secret. Aujourd’hui l’indispensable c’est la visibilité. Un voyant qui n’est pas vu et entendu, a peu de chance de capter l’attention d’une possible clientèle. Comme tout prestataire de service, il a besoin de faire connaître son existence.
Malheureusement pour l’artisan de la voyance, certaines difficultés sont insurmontables. Simplement parce qu’il évolue dans un cercle restreint. Cela n’a rien à voir avec le fait qu’il possède un don ou qu’il soit déclaré et honnête. Une clientèle se constitue et se fidélise sur plusieurs années et rare sont ceux qui persévèrent.
Au royaume du tout publicitaire et de la stratégie commerciale, il y a peu de place pour celui qui s’imagine que le seul fait d’être doué le fera avancer plus vite. Le don de clairvoyance n’est plus suffisant pour exercer. Le pire, c’est de se laisser aller à brader le prix de son travail comme dans les supermarchés. En attendant la trompette de la renommée…
L’utilité d’exercer librement
Pour l’indépendant, le bouche à oreille est une note d’espoir dans ce monde très concurrentiel. Il permet de ne pas perdre espoir et d’atténuer les inégalités.
Travailler en libéral, conforte l’engagement de ceux qui ne baissent pas les bras. Cela a un côté sain et utile. Au fond, l’investissement est dérisoire en comparaison de la satisfaction qui vous gagne quand les consultants vous annoncent les retours. C’est la meilleure des publicités.
CQFD : j’ai écris cet article en pensant au petit nombre de voyants qui ont fait un bout de chemin parmi nous. Quelques-uns avaient d’indéniables dons et les qualités humaines pour rebondir. Aujourd’hui la page est tournée et le choix de ne plus collaborer directement avec d’autres indépendants éloigne les contraintes de toutes sortes. Il est vrai que l’on ne peut pas plaire à tout le monde dans cet univers si particulier… S’impliquer seul désormais reste la meilleure des motivations et valorise un travail qui a demandé du temps et beaucoup d’efforts.