La nouvelle année et son cortège de bonnes résolutions approchent à grands pas.
C’est l’époque des bilans, mais aussi celle des grands changements censés améliorer nos existences imparfaites !
Cerner le problème
Pourquoi prend-on de bonnes résolutions ?
On vit dans une société où la pression est permanente. On se doit aujourd’hui d’être toujours plus mince, jeune, beau, performant. Le surpoids par exemple, comme les addictions de toutes sortes (café, cigarettes…) sont autant de signes de faiblesses. La volonté personnelle devient une valeur de plus en plus incontournable. Un peu à l’américaine, je le veux, je le peux ! C’est le yes, we can ! de la campagne présidentielle appliqué aux existences individuelles. La nouvelle année est depuis longtemps l’occasion de redémarrer sur de nouvelles bases.
N’y-a-t-il pas également une idée de bilan ?
Mais bien sûr, c’est comme si il y avait un avant et un après, une césure symbolique. Un des sens du mot résolution a trait à la dissolution, à la révocation d’un contrat, ou d’une vente, par exemple. Le mot peut aller jusqu’à signifier la désagrégation. Vous connaissez le proverbe : Du passé faisons table rase ! C’est comme si la nouvelle année permettait de se refaire une sorte de virginité. On fait le bilan de son année passée, en listant le bon et le mauvais et on se fixe plusieurs objectifs pour réaliser ce que l’on estime nécessaire à l’amélioration de son existence.
On fait beaucoup de bilans dans la vie professionnelle, il peut être très tentant d’appliquer ces principes d’organisation à la vie personnelle. Même si ça ne peut pas toujours être aussi simple !
Et pourquoi a-t-on généralement tant de mal à les tenir ?
La Rochefoucauld disait dans ses Mémoires : Il faut tenir à une résolution parce qu’elle est bonne et non parce qu’on l’a prise ! Les magazines féminins vous dirons que vous n’y arrivez pas parce que vous visez tout de suite trop haut, vous vous fixez des buts irréalistes. Leur conseil sera de commencer petit, raisonnable. La vérité se situerait plutôt dans la question suivante : qu’est-ce qu’on veut changer de soi réellement ? Rien peut-être finalement. Dire qu’on va changer semble en soi suffisamment jouissif, surtout lorsqu’on ne change rien ! Mon propos ne sera certainement pas très politiquement correct, mais la vie ne va pas s’améliorer (ou temporairement peut-être) sous prétexte que vous réussirez à vaincre votre surpoids supposé, ou votre addiction à la cigarette ou votre désorganisation chronique. C’est la cause plus profonde de ces « travers » qui est éventuellement à travailler, si ils vous rendent réellement la vie impossible.
A quoi servent vraiment ces fameuses bonnes résolutions ?
Elles permettent instantanément de se sentir mieux avec soi-même, elles fonctionnent comme une sorte de doudou, de mantra rassurant. Prendre une bonne résolution c’est déjà avoir l’illusion de commencer à s’occuper de soi, même si c’est dur de se faire du bien ! Les gens ne sont pas si naïfs. Ils sont loin de croire dur comme « faire » à leur aptitude au changement radical ! Ce qui compte, c’est le pouvoir de l’invocation, de la pensée dite « magique », de la date symbolique… C’est aussi, et en fait ce n’est peut-être que cela, une affaire de vitalité désirante. Continuer de croire que l’on peut se dépasser et se surprendre soi-même, c’est rester vivant.
Développement
Prendre un abonnement au club de gym, snober les escalators, bannir les sites de ventes privées pendant les heures de bureau, jeter ce paquet de cigarettes, ne plus filtrer les coups de fil de belle-maman ou refaire enfin notre CV. Cette année encore, notre dossier « bonnes résolutions » va immanquablement s’étoffer: à celles non tenues de 2014, viendront s’ajouter les millésimées 2015 dont la plupart resteront également lettres mortes.
Ce qui ne nous empêchera sûrement pas à la fin de l’année qui débute d’en prendre de nouvelles.
Pourquoi sommes-nous si nombreux à espérer changer tous les ans ?
Rien d’étonnant, pour la psychologue Emmanuelle Lacroix, à ce que nous prenions ces résolutions à l’aube de la Saint-Sylvestre :
« le 31 décembre donne l’illusion d’un nouveau départ, et d’une certaine manière, d’une nouvelle vie ».
« On observe le même phénomène en septembre, un mois également synonyme de renouveau », souligne quant à elle Lysiane Panighini, psychopraticienne.
En soi, rien de mal à cela : « Vouloir changer est toujours positif ».
Même si on n’y arrive pas, même si c’est difficile, le changement c’est la vie, l’espoir aussi, estime Emmanuelle Lacroix.
Se projeter dans un après est donc plutôt une bonne chose. A condition de bien garder à l’esprit qu’une résolution « n’est pas une décision », note Lysiane Panighini, mais tient plus de l’engagement.
Rester réaliste et se fixer des objectifs quantifiables
« Le fait que la bonne résolution soit souvent du domaine du politiquement correct et donc pas forcement en accord avec ce qu’on aime faire au fond de soi, explique son échec », soulève-t-elle encore. Avec le risque d’obtenir l’effet contraire de celui escompté: une sape définitive de notre estime de soi. La solution: prendre des engagements « qui vont dans le sens de nos valeurs et non de celles qu’on nous impose », conseille Emmanuelle Lacroix. Rester réaliste et se fixer des objectifs quantifiables peut également aider: « Plutôt que de se promettre de ne plus jamais manger de sucre, mieux vaut se fixer l’objectif d’un carré de chocolat par jour ». Ou de marcher trois fois 20 minutes par semaine plutôt que de jurer de se « mettre au sport ».
« Pour qu’une résolution ne reste pas un voeu pieux, il faut qu’elle incarne un vrai projet de vie, qu’elle réponde à une véritable nécessité », rebondit Béatrice Voirin, coach et psychologue.
« Tant que nous trouvons un avantage -même minime, même inconscient- à conserver un comportement, une habitude ou un choix de vie, nous ne bougerons pas d’un millimètre… » Autrement dit par exemple, souhaiter arrêter de fumer uniquement pour répondre à une injonction de santé publique est souvent voué à l’échec.
Prendre cette résolution parce qu’elle participe d’un besoin vital de se sentir plus en forme, de ne plus tousser le matin ou d’être capable de courir avec nos enfants sans risquer de perdre un poumon prend en revanche un autre sens.
Si personne ne prétend détenir le secret de la réussite, certaines ont toutefois transformé l’essai…
Quelques exemples
En prenant des résolutions « positives ». Pas question pour Sibylle, 32 ans, de « se punir » dès le 1er janvier en s’imposant des contraintes qu’elle ne tiendra pas. « Je préfère me promettre à moi même de me faire du bien, d’aller plus souvent au spa parce que j’adore ça, de me réserver une soirée entre copines par mois, etc. Etrangement, je relève en général tous ces défis ! ».
En n’en prenant qu’une. Marie, 39 ans, s’est concentrée l’année dernière sur l’arrêt de la cigarette. « Au départ, je pensais également faire du sport et un régime. Mais j’ai vite compris que mener plusieurs batailles de front serait utopique. Résultat: pas une cigarette en 2013, en revanche, 8 kilos sur la balance. Mais je suis fière de moi et en 2014, je me mets à la marche rapide. »
En se donnant rendez-vous en juin. Anne-Sophie, 26 ans: « J’ai réalisé que souvent, je ne tenais pas mes résolutions parce que dès le 1er février je les avais oubliées. Alors je me note une alerte dans mon agenda électronique pour le 1er juin, en me rappelant à moi même que j’avais, par exemple, décidé de trier mes papiers avant l’été (je préfère ne pas être trop exigeante avec moi-même). En général, ce petit coup de semonce fonctionne assez bien! »
En n’en prenant… aucune. Sandrine, 40 ans: « Pendant des années je me suis juré tous les 31 décembre d’aller voir un psy et de me lancer enfin dans cette carrière d’écrivain dont je rêve. Résultat, à l’aube de mes 40 ans, toujours pas de psy, et pas même le titre d’un roman. Du coup, l’année dernière, j’ai décidé de ne rien décider. Et… j’ai appelé un psy le 12 janvier puis commencé à écrire une nouvelle le mois suivant. »
Sandrine viendrait-elle d’apporter la preuve que le meilleur moyen de tenir une résolution est de ne pas en prendre ?
Récente étude
Quelles sont les bonnes résolutions que prendront les Français pour 2015 ? Une sondage réalisé par Babbel, une start-up allemande d’application d’apprentissage de langues, révèle un classement des résolutions qu’ils souhaitent prendre.
En tête de leurs bonnes résolutions figure « apprendre une nouvelle langue ».
+ 30% des Français indiquent vouloir s’y mettre, loin devant le fait d’« être moins stressé » (15%).
La forme, la famille et la télé
Garder la forme est une intention que les Français gardent bien à l’esprit.
En moyenne 14% d’entre eux déclarent vouloir « perdre du poids » et 13% « faire plus de sport ».
Suivent vouloir lire plus (11%), « passer plus de temps avec sa famille et ses amis » (5%) et enfin « passer moins de temps devant la télévision » (4%), juste devant le traditionnel « arrêter de fumer » (2%).
Prendre une bonne résolution est une chose, mais s’y tenir en est une autre comme nous avons pu le voir…
A ce jeu, les Français se montrent plutôt bons élèves, puisque 60% d’entre affirment avoir tenu leurs résolutions de l’année 2014.
Un top 10 (pour vous y retrouver) :
- Apprendre une langue (30 %)
- Essayer d’être moins stressé (15 %)
- Perdre du poids (14 %)
- Faire plus de sport (13 %)
- Lire davantage (11 %)
- Manger plus sainement (5 %)
- Passer plus de temps avec sa famille et ses amis (5 %)
- Passer moins de temps devant la télévision (4 %)
- Arrêter de fumer (2 %)
- Boire moins d’alcool (2 %)
>Et vous ?
Bon courage et bonnes résolutions !
Patrick